vendredi 12 février 2010

Gazon maudit

J'avais déjà tout prévu !

Un super titre, genre "Le retour de l'enfant prodigue", ou "la résurrection du messie",... ou alors dans un autre genre "Riri remet la Godasse !". (J'en ai plein en stock, tout plus empreint de modestie les uns que les autres).

Un super article, bien construit, où je vous narrais ma joie de rechausser les crampons, le plaisir non dissimulé de me retrouver avec les copains dans le vestiaire, avant le match, d'enfiler à nouveau ce short vert et ce maillot blanc (ou vert, ou gris, ou rouge peu importe) qui m'ont tant manqué (j'ai un moment envisagé la comparaison avec un aveugle qui recouvrerait la vue, ou un myopathe, voire avec Lazare, mais ça faisait un peu mesquin). J'aurais même évoqué la joie d'un échauffement par 2°, moi qui déteste déjà ça par grand soleil...

Venait ensuite, dans un style enlevé, limite lyrique, le récit du match en B, sur lequel j'aurais évidemment pesé de tout mon poids (91 kg quand même, faut les bouger put...), tout en récitant un rugby exemplaire de sobriété et de maitrise, tant dans le geste technique (à la main, au pied, et même en défense, faut bien romancer un peu !), que dans la gestion du match (bon...pour ceux qui ont déjà lu le résumé de la réserve, oubliez cette phrase !!).

Et enfin, dans une conclusion d'une flamboyance touchant au génie littéraire - et pour laquelle on m'aurait immédiatement convoqué rue de Valois, histoire de prendre mes mensurations pour l'habit vert et l'épée - je vous aurais fait part du jouissif dénouement de cette folle journée. Ahh...quel plaisir de retrouver l'équipe première (fut-ce pour les 2 dernieres min. du match)!! Ohh... la joie de cette première course ( à vide, pour rien, ballon tombé.) !! Mmmhhh... l'innefable bonheur de ce premier ballon caressé par mes doigts avides et tremblants, né d'un-avant adverse sous nos poteaux. Je le serre contre mon torse humide de sueur (ben ouais je suis déjà occis) mêlée de larmes, je le protège, le tiens au chaud, tel l'oiseau tombé du nid et l'amène tendrement au sol afin de l'offrir au pied secourable de Nico qui va nous sortir de notre tranchée en-butesque...
Aïïiee...l'épaule (je crois) qui craque à n'en plus finir ! Ouïïlle... le retour en bus, allongé sur la banquette arrière, incapable du moindre mouvement ! Et merde...l'urgentiste qui me rassure : "Bon si vous jouez au Rugby, vous connaissez les acromios ? Ben c'est pareil mais coté Sternum. Rien de grave...à peine 15 jours sans sport et c'est bon." !

A PEINE 15 jours !! J'ai l'impression d'être un condamné, sur le point de sortir de prison, le portail est déjà ouvert, il fait un temps magnifique; les soeurs Crumble sont là qui m'attendent pour m'emmener dans leur verte contrée... Et puis le directeur arrive en courant "STOP ! Y'a erreur, on s'est trompé à cause des années bissextiles ! Il vous reste 15 jours à faire."
Retour en prison, sans passer par la case Départ !

Voilà ce que j'avais prévu et que vous n'aurez jamais le bonheur de lire !
A quoi ça tient un Goncourt quand même...

3 commentaires:

Riri's housewife a dit…

*clap! clap ! clap! clap! clap !*

J'applaudis des deux mains (oui parce qu'applaudir avec une seule main, c'est pas très simple) ! en revanche, je ne sais pas si j'applaudis pour la haute qualité de cet article, pour son humour, son intensité qui monte crescendo jusqu'à l'entorse sterno-claviculaire fatale... ou si j'applaudis parce que je sais que pendant deux semaines, feu Riri la godasse ne se fera pas plus mal que ce qu'il a déjà...

Je crois que j'applaudis pour l'humour de l'article... parce que Riri, même blessé, me fait mourir de rire...!

(Oui, je bade mon mari... et alors ?!)

Beber a dit…

Bon ben ... bon courage Riri.... Bises à Madame et à Bientôt sur St Juery.

Laurie a dit…

Ah j'imagine bien ce que tu as dit aux soeurs Crumble : "Je suis déçuuuuu ... déçu déçu déçu ... mais qu'est-ce que je suis déçuuu !"